Déjà 3 mois que Les Producteurs est à l’affiche du Théâtre de Paris, et nous n’étions pas encore allés voir ce spectacle pourtant tellement attendu… L’affront est réparé depuis hier, et autant vous dire tout de suite que nous n’avons pas boudé notre plaisir !
Nous avions bien sûr suivi la genèse de cette adaptation signée Alexis Michalik et relayé les informations au fur et à mesure qu’elles nous parvenaient, depuis l’avis d’auditions jusqu’à l’annonce de son incroyable cast final.
Pour celles et ceux qui découvriraient l’univers des Producteurs, voici au préalable quelques éléments incontournables à connaître.

The Producers, dans sa version originale, est un film de Mel Brooks de 1968, récompensé par l’oscar du meilleur scénario original en 1969. Adapté en 2001 en comédie musicale au St James Theatre de Broadway par son créateur, le spectacle rencontre un formidable succès, reçoit 12 Tony Awards et reste 6 ans à l’affiche. La comédie musicale se trouve ensuite elle-même adaptée en 2005 sur grand écran par Susan Stroman. Et donc, aujourd’hui, nouvelle adaptation, en langue française, à Paris.

L’histoire, osée et complètement délirante, met en scène un producteur de Broadway en faillite, Max Bialystock, se faisant gigolo pour soutirer de l’argent auprès de vieilles dames octogénaires fortunées, et un timide et névrosé comptable, Léo Bloom. Persuadés de pouvoir s’enrichir avec les assurances d’un spectacle conçu pour être un flop, les deux comparses s’associent pour monter la plus nulle des comédies musicales, écrite par un ancien nazi intitulée « Des Fleurs pour Hitler », et en recrutant les plus ringards des metteurs en scène. Les choses se compliquent pour les deux producteurs lorsque le flop annoncé se révèle inopinément un succès…

Nous vous proposons de découvrir à présent le teaser de cette version française :

D’adaptation en adaptation, la fidélité !

Plus de 50 ans séparent le film de Mel Brooks et cette version française. Mais, il faut impérativement le noter, d’adaptation en adaptation, la fidélité à l’oeuvre originale a toujours été un impératif revendiqué, et cette version parisienne ne fait pas exception à la règle (en dehors de quelques capsules absolument contemporaines saupoudrées ici et là au fil du spectacle, avec humour et créant un décalage bienvenu).
Les temps ont changé, les mœurs aussi… Il faut absolument garder à l’esprit qu’on ne vient pas voir une création 2022 mais bel et bien une oeuvre datée, qui plus est totalement empreinte du caractère loufoque, décalé et provocateur de son créateur, comme encore permis à l’époque. Précision ô combien utile à la lecture de quelques avis laissés sur le site du théâtre par certains spectateurs déçus voire choqués (une minorité, fort heureusement).

Un spectacle délicieusement irrévérencieux !

Ces précisions apportées, il est temps de nous attacher au spectacle lui-même, en commençant, comme nous l’avons déjà écrit plus haut, par son cast absolument incroyable. Quel bonheur de retrouver ensemble sur scène tant d’artistes connus et reconnus. Avec un adjectif qui pourraient les qualifier tous : irrésistibles !
Ils campent, comme le veut le livret, des personnages caricaturaux, résolument clownesques, et ne ménagent pas leurs efforts pour atteindre cet objectif. Et comme si cela ne suffisait pas, ils interprètent aussi de nombreux personnages différents ou secondaires, y compris les rôles principaux.  C’est assez jubilatoire de les chercher et les retrouver au fil des tableaux. Et on se plait à imaginer le marathon qui se joue aussi en coulisses.

Vous parler de nos coups de cœur ? Cela reviendrait à lister l’ensemble du cast ! Tout est parfaitement chanté, joué, dansé, dans la démesure burlesque attendue. Tout est délicieusement irrévérencieux, décalé, provocateur, et le public ne boude pas son plaisir si l’on en croit les nombreux éclats de rire qui embrasent la salle.

La mise est scène est fine, millimétrée, sans aucun temps mort, avec des changements de décors apparents qui amplifient encore cette dynamique, elle-même encore renforcée par les musiciens qui jouent en direct. Les chorégraphies sont riches, variées, souvent accessoirisées, comme lorsque les claquettes résonnent en même temps que les déambulateurs…

On trouvera bien sûr des adeptes du « traduttore, traditore » pour nous répéter qu’il ne faut pas adapter un spectacle anglophone en langue française. D’autres diront qu’Alexis Michalik n’a pas réellement apporté sa patte à cette adaptation, alors que c’est justement le défi qu’il a su brillamment relever, tout en restant absolument fidèle à l’oeuvre originale…
Il faut, selon nous, juste savoir ce que l’on va voir et en connaître les impératifs. A partir de ce moment là, on ne peut que savourer ce spectacle pleinement réussi.

Derniers petits conseils : achetez le programme (qui est à mourir de rire), et profitez du rappel pour embrasser pleinement et définitivement le caractère absolument irrévérencieux et provocateur de ce spectacle !

– Photos du spectacle issues du site internet du Théâtre de Paris –

by Franck

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