Après une année de travail pour les artistes, et bien plus encore pour l’équipe artistique, Molière le spectacle musical a fait hier soir sa première officielle au Dôme de Paris. Un événement attendu non seulement par les fans de la première heure mais aussi par de nombreux spectateurs impatients de découvrir enfin ce spectacle présenté comme d’un genre nouveau par ses créateurs Dove Attia et Ladislas Chollat. Et pour nous qui suivons cette aventure presque depuis sa genèse, c’était un rendez-vous absolument incontournable. Présents à chaque étape importante, attentifs à chaque nouvelle annonce, nous avons partagé au fil des mois des instants privilégiés, depuis le showcase au Théâtre Edouard VII en passant par une journée de répétitions ou encore l’avant-première du mardi 7 Novembre dernier. Nous avons vu le spectacle se construire, évoluer, s’étoffer, pour atteindre désormais l’excellence.

Bien évidemment, nous prendrons soin ici de ne pas dévoiler trop de choses pour vous en laissez la primeur quand vous aurez vous aussi la chance de découvrir et de vous laisser littéralement emporter par ce spectacle. Mais il nous faut partager avec vous notre enthousiasme et féliciter toutes et celles et ceux qui ont permis à la magie d’opérer. On le voit, on le sent, à tous les niveaux, personne n’a ménagé ses efforts, jusqu’aux tous derniers instants.

Molière le spectacle musical n’échappe pas à la tradition et se compose de deux actes, au minutage bien équilibré. Le premier fait la part belle à l’Histoire avec un grand H. On y découvre les différents personnages qui composent la troupe et on la suit, d’errance en itinérance, en quête de reconnaissance et de succès : création puis faillite de l’Illustre Théâtre, voyage à travers la France de protecteur en protecteur, autant de scènes, ou de tableaux, qu’on pourrait qualifier d’exposition, et qui permettent de poser les bases des événements à venir . Il est à noté que depuis l’avant première de mardi dernier, cet acte a été retravaillé pour gagner en fluidité.

La troupe sous la protection du Duc d’Epernon

Chez le Prince de Conti

La troupe ne trouvera le répit qu’après sa rencontre avec Monsieur, Frère du Roi Louis XIV qui la présentera au souverain.

L’acte 2, lui, regroupe pour ainsi dire les histoires dans l’Histoire, et à ce titre, il joue bien plus avec nos sentiments : Conti protecteur devenu pire ennemi de Molière, succès et échecs, amour impossible devenu assumé,  naissance, disparitions… C’est la grande valse des émotions, et comme beaucoup, vous risquez de verser quelques larmes.

Ce n’est pas trahir un secret de dire que le spectacle se termine par la Mort de Molière, il ne pouvait en être autrement. Et c’est une longue standing ovation de 14 minutes qui a salué l’incroyable prestation collective !

Un sans faute pour ce Molière, vraiment à tous les niveaux. La mise en scène de Ladislas Chollat est dynamique, millimétrée et terriblement efficace. Elle exploite toutes les possibilités offertes par l’incroyable décor évolutif réalisé par Emmanuelle Favre. Les chorégraphies signées Romain R.B sont explosives et divinement interprétées par des danseurs absolument fantastiques, rejoints par certains chanteurs qui le sont tout autant.

Les lumières sont très belles, tantôt feutrées, tantôt éclatantes, et vous serez submergés quand elles seront totalement absentes… Mais chut…

Les projections, constituées principalement de gravures parfois en mouvement, n’écrasent jamais le plateau, et nous ancrent parfaitement dans l’époque. Les costumes signés Jean-Daniel Vuillermoz sont sublimes.

Les voix sont incroyables, et on aura bien du mal à hiérarchiser les performances des uns et des autres. De la fraîcheur et la force de Lou au coffre incroyable et chaleureux de Shaïna, de l’inégalable prestance de Vike au flow de Morgan, de l’amplitude d’Abi à la puissance de PETiTOM, c’est un florilège de ce qu’on pouvait offrir de mieux. Et l’ensemble n’est pas en reste ! Le tout servi avec une magnifique expressivité. Mention spéciale à David Alexis qui nous prouve, s’il le fallait encore, qu’il excelle autant dans l’émotion que dans le rire.

Car oui, vous le verrez, ce spectacle ne manque pas d’humour. On le retrouvera distillé dans les anachronismes, les répliques, les irrésistibles mises en abîmes (comme c’est bien joué !), ou encore à travers l’excentricité de Monsieur.

Si Molière a perdu, comme vous l’avez peut être constaté, son attribut d’opéra urbain, la promesse initiale reste là : ça slamme, ça rappe parfois, même si, comme se plaît à le dire Dove Attia, les grandes envolées mélodiques ne sont pas abandonnées. C’est d’ailleurs ce qui confère au spectacle un caractère à la fois très singulier, novateur et finalement unique. Et si l’inspiration d’Hamilton a été à l’origine de la volonté de créer ce Molière, nous sommes bien loin de l’original et c’est parfait comme ça !

Qu’il est bon, en ces temps où se multiplient les reprises, de voir une vraie création. Ambitieuse et audacieuse. Cela fait un bien fou ! Alors, en plus des bravos, nous rajoutons un immense merci.

Voilà, nous espérons avoir réussi à vous faire partager notre ressenti, en vous racontant mais sans tout faire voir, et en montrant sans tout dévoiler. Un sacré exercice d’équilibriste que nous espérons réussi.

Nous avons eu le privilège de découvrir également l’antre du spectacle : les coulisses. Et comme on brûlait d’envie de vous y emmener, voici quelques clichés de ce fascinant envers du décor !

by Franck

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