Derrière ce terme simple de lecture se cache une réalité bien plus complexe et riche que ne peut le laisser penser le terme au premier abord : on assiste à la mise en voix, jouée comme chantée, de l’intégralité du spectacle, un peu comme si l’on participait à une répétition, hors décors, sans costumes, mais avec tout de même une remarquable mise en scène (assurée par Bastien Soubrié). La lecture des didascalies nous permet de situer les lieux, situations et atmosphères spécifiques à chaque tableau. Bref, on se sent presque à la genèse du spectacle, et pourtant, avec déjà tant de choses abouties…
Pour financer ces 3 lectures des 14, 15 et 16 janvier, Bastien Soubrié avait mis en place une cagnotte participative qui a presque permis de réunir les 3 000 euros nécessaires.
De nombreux artistes ont été auditionnés, et ils sont plus d’une vingtaine à avoir été retenus pour assurer cette présentation. Et force est de constater que le casting est impressionnant, avec des noms qui, comme vous allez le voir, ne nous sont pas inconnus. Voici le visuel qui avait été dévoilé sur la plateforme pour présenter toute l’équipe. Tous les comédiens assurant les rôles principaux étaient présents, seuls quelques ajustements ayant eu lieu au niveau de l’ensemble (quelques absents, et arrivée de Vincent Cordier).
Jennifer Barre (Bonnie Parker), Guillemette Buffet (Ensemble), Claire Butard (Ensemble), Marie Cardon (Ensemble), Margot Cauvet (Ensemble), Florian Cléret (Clyde Barrow), Gregory Ernst Lambert (Ensemble), Simon Gallant (Ted Hinton, policier), Eva Gentili (Blanche Barrow, belle sœur de Clyde), Sophie Girardon (Ensemble), Manon Gonin (Ensemble), Célia Hoarau (Bonnie Enfant), Lola Jubault (Ensemble), Kohane L’Elha (Lady Preacher), Simon Legendre (Ensemble), Olivia Masseron (Clyde Enfant), Mélodie Molinaro (Ensemble), Alexia Papineschi (Gouverneur Ferguson), Thomas Ronzeau (Buck, frère de Clyde), Sebastiao Saramago (Preacher), Pauline Servant (Ensemble), Bastien Soubrié (Traduction), Eva Tesiorowski (Cumie Barrow, mère de Clyde), Anne-Laure Triebel (Emma Parker, mère de Bonnie), Julien Vital (Ensemble).
Vincent Cordier (Ensemble) ne figurant pas sur la photo.
C’est le Théâtre Montmartre Galabru qui a été choisi pour accueillir toute la troupe.
C’est un Bastien Soubrié souriant, enjoué et quelque peu fébrile qui a ouvert cette lecture en retraçant l’historique de son adaptation du Musical. Tout d’abord l’œuvre originale, puis la génèse de son propre travail sur l’œuvre, les premières présentations au Québec dont nous avons déjà parlé, et cette histoire parisienne commencée à l’automne 2017. On perçoit dans chacun de ses mots à quel point il porte ce projet dans son cœur, et toute l’énergie qu’il met en œuvre pour le faire aboutir. Après avoir souhaité un bon spectacle aux spectateurs privilégiés du Théâtre Montmarte Galabru (comble au point de devoir rajouter quelques chaises), il s’efface pour laisser place au spectacle.
Nous connaissons tous déjà plus ou moins l’histoire de ce couple d’amants hors la loi qui a sévi pendant la grande dépression aux Etats-Unis (années 30), ne serait-ce qu’avec la chanson de Serge Gainsbourg. Cette comédie musicale nous présente la (courte) vie, les à-côtés et la descente aux enfers de ces amants diaboliques. Mais justement, sans jamais les diaboliser. Car en parallèle à cette succession de délits puis de crimes, c’est aussi et surtout l’histoire d’un amour passionnel qui fait perdre toute raison et retenue. D’autres histoires viennent compléter cette trame, comme la complicité des deux frères, qui conduira Buck à rejoindre Clyde pour commettre avec lui de nombreux méfaits, parvenant même au final à y entrainer sa femme blanche, pourtant réfractaire à toute forme d’illégalité et de violence. L’issue de tout cela ne pouvant qu’être fatale.
La petite scène du Théâtre Montmarte Galabru accueille tous les artistes sur scène, les livrets dans les mains ou sur des pupitres. Mais ce qui va nous être donné à voir dépasse de très loin une simple lecture. Bien sûr, ce n’est pas encore le spectacle qui se déroule sous nos yeux, juste un petit aperçu de ce que ça pourrait être… Et pourtant, tout est déjà parfaitement ciselé au point de se demander si une lecture de cet acabit ne pourrait pas devenir un genre à part entière ! Le travail d’adaptation de Bastien Soubrié est vraiment remarquable, que ce soit dans les parties chantées comme jouées. On peut dire sans hésiter que c’est parfaitement écrit. Et en terme d’adaptation, attribuer à Bonnie, qui écrit des poèmes, les paroles de Serge Gainsbourg, de manière très naturelle, c’est quand même finement joué.
Tous les artistes présents sur scène interprètent leur rôle avec une énergie débordante. Les voix sont vraiment magnifiques, et les scènes de comédie parfaitement interprétées. Le duo Jennifer BARRE/Florian CLERET fonctionne à merveille, tout comme celui constitué par Eva GENTILI et Thomas RONZEAU. On a l’impression qu’ils jouent déjà leur centième représentation tant l’ensemble est fluide et la complicité réelle. Et on peut étendre cela au reste de la troupe, ensemble compris.
Aux émotions succède l’humour (on rit beaucoup dans ce Bonnie & Clyde). A la passion s’oppose le conflit, à la justice la défiance…
2H30 de spectacle qui filent sans qu’on ne les voie passer.
by Franck