Cela fait des années qu’elle tourne, qu’elle grandit, La Boule Rouge.
Depuis 2013 et sa genèse par les créateurs, Constance DOLLFUS et Clément HENAUT, les auditions, les résidences, les avant-premières, jusqu’à l’annonce tant attendue et le fameux showcase de présentation du 8 janvier dernier au Casino de Paris : le spectacle, abouti, arrive enfin à l’affiche du 26 Avril au 7 Juin 2019 au Théâtre des Variétés pour 15 représentations exceptionnelles.
La Boule Rouge, c’est l’occasion de se plonger dans le Paris des Années Folles, mais d’une manière on ne peut plus audacieuse : en plus des compositions originales, on retrouve dans le spectacle des chansons contemporaines, subtiles adaptations, nécessairement swing et jazzy, de très grands succès de notre époque. Un parti prix risqué, certes, mais qui ouvre des possibilités presque infinies et promet déjà une originalité rare.
Découvrez sans plus attendre le clip officiel de ce spectacle hors norme.
Et voici, en diaporama, l’ensemble du cast !
(Photos Wuddhy Fernandes – SmartProd 1)
La Boule Rouge s’inscrit dans le contexte tout particulier qui suit la fin de la première guerre mondiale, une période empreinte d’une envie de renaître à la vie, de faire preuve enfin d’insouciance et de légèreté après ces années si difficiles. Paris devient le lieu de toutes les émancipations, où l’on se doit de briser les règles et les tabous. Les Années Folles prennent possession de la capitale, accompagnées par les sonorités nouvelles du jazz, du swing, et toutes les danses qui en découlent. Pourtant, le reste du pays se tient bien éloigné de ces nouvelles passions parisiennes.
Deux univers bien différents que le spectacle va faire se confronter.
Tout commence un soir de novembre 1925 avec Charles et ses amis de toujours, errant dans les rues de Paris. La soirée se termine au comptoir de la décrépie Taverne du Baron où ils sont fascinés par l’ambiance sordide qui incite à la débauche, où les mâles n’hésitent pas à peloter des serveuses. Les employés de ce piano-bar morose rêvent de succès comme à La Coupole, haut-lieu festif et emblématique de l’époque… Charles, pourtant élevé par des parents très conservateurs, se retrouve alors dans l’entreprise de sa vie : racheter l’établissement et le transformer en véritable cabaret de Music Hall.
Bien que les artistes soient nombreux sur scène, on identifie rapidement le rôle de chacun et le monde auquel il appartient, même si certains ne manqueront pas de vouloir glisser d’un univers à l’autre, voire y parviendront. Les belles lumières et les nombreux décors habillent parfaitement la scène, que le jazz band live finit de remplir de la plus belle des manières.
Les adaptations de chansons contemporaines fonctionnent parfois très bien (comme I’m so excited, S’il suffisait d’aimer, ou encore le meddley du début du second acte), parfois un peu moins, restant somme toute peut être trop proches encore de l’original, mais l’exercice reste un petit exploit.
Et bien sûr, comme on était en droit de l’attendre, ça danse aussi très bien. Solo magique, duo intimiste, trio subversif, collectif endiablé, les chorégraphies sont précises et abouties.
Certains tableaux sont particulièrement réussis, par l’humour qui s’en dégage (scène du casting, aparté de Roger, le pianiste, avec le public), par la qualité du travail de chant et d’adaptation musicale (le meddley du début de l’acte) ou par l’énergie générale qui s’en dégage (avec en première place, bien sûr, le tableau final).
L’humour, ce spectacle n’en manque pas. Il est porté par quelques personnages emblématiques. Nous retiendrons Louise (Léa Rulh), l’incontrôlable Ernestine (Marie-Stella Perron d’Arc), l’irrésistible travesti Ruby (Sébastien Brumaud), l’exubérante Pétra (June Van Der Esch), la touchante Jeanne (Lilly Caruso), avec une mention spéciale à Roger le pianiste (Simon Froget-Legendre) pour son monologue intimiste.
Les costumes signés Flore et Christine LECLERCQ sont superbes. On a particulièrement apprécié les effets Art Déco discrets dans certaines robes.
Beaucoup de bonnes et belles choses donc. Et pourtant, on reste malgré tout sur notre faim. L’ensemble du spectacle suit pour ainsi dire une sorte de courbe sinusoïdale alternant moments forts et moments de moindre intensité, sans doute à cause de scènes de comédies un peu trop longues, parfois superflues, qui cassent le rythme de l’ensemble. Sans en arriver à un opéra-rock, nous sommes d’accord, mais en mettant encore plus en avant la musique et le chant, cet écueil aurait pu être évité.
Car oui, au final, ces Années Folles, on veut les voir, les entendre, les vivre plus pleinement encore, même dans les moments d’adversité. Et oui, on veut découvrir cette Boule Rouge, qui d’ailleurs, n’est malheureusement jamais nommée, au point, presque, de se demander si on va finir par la découvrir un jour. On voudrait voir arriver les plumes plus vite, l’insouciance exploser littéralement. Certes, on est servi lors du dernier tableau. Mais c’est justement le dernier…
Les chansons les plus fortes et les mieux interprétées l’ont été lorsque plusieurs artistes les partageaient, avec une belle harmonie et une vraie énergie. C’est ça qu’on aurait sans doute aimé voir encore plus, les solos étant souvent un peu en-deçà, le stress de la première n’aidant d’ailleurs sans doute pas.
Mais ce qu’on ne niera pas, c’est l’enthousiasme qui anime l’ensemble de la troupe et qu’on ressent à chaque instant. On perçoit la volonté de tous de porter ce projet au plus haut après des années de travail de la part des créateurs. Arriver sur la scène du Théâtre des Variétés est une belle récompense, et nous souhaitons sincèrement que les 14 dates restantes riment avec succès.
Crédit photo : ©BenH Photography
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by Franck – le 27/04/2019