S’il est un monument qui a pu être chanté, c’est bien notre belle Tour Eiffel. Que ce soit par Félix Morteuil (1902), Mistinguett (1942), Jacques Hélian (1945), Nicolas Peyrac (1978)… Sans compter toutes les fois où elle a été plus simplement évoquée, caressée, au fil des mots. C’est un véritable florilège.

La Grande Dame, la Dame de Fer, est devenue le symbole de tout un pays, et personne ne peut plus imaginer Paris sans elle. Mais l’affaire n’a pas été si simple. C’est d’ailleurs tout le sujet de la pièce musicale de Marc Deren qui, avec La Tour de 300 Mètres, nous replonge dans le Paris de 1885, quand l’état français lança un concours pour représenter le génie bâtisseur français pour l’exposition universelle prévue 4 années plus tard à Paris.

Avant d’aller plus loin, nous vous proposons de retrouver l’ensemble de l’équipe qui donne vie à ce spectacle au Théâtre des Mathurins depuis le 21 mars.

La Tour de 300 Mètres
Marc Deren - Auteur/Compositeur
Julien Rouquette - Metteur en scène
Margauxx Lloret - Assistante à la mise à en scène
John Florencio - Directeur Musical & Pianiste Live
Amélie Foubert - Chorégraphe
Zoé Imbert - Costumes
David Eguren - Gustave Eiffel
Juliette Béhar - Claire Eiffel
Matthieu Brugot - Ouvrier Angelo Scagliott / Monsieur Bouruet / Ferdinand de Lesseps
Claudia Palleschi - Amelia Scagliotti
Véronique Hatat - La comtesse de Poix
Nicolas soulié - Adolphe Salles / James Gordon Benett / Ouvrier Lefort
Stanislas Clément -Guy de Maupassant / Ouvrier Vimont

Le spectateur est invité à suivre la formidable aventure de la construction de la Tour Eiffel à travers les points de vues de différents personnages historiques qui ont effectivement marqué de leur empreinte cette entreprise, que ce soit pour la réaliser, la soutenir, la condamner ou la relater. Et même si la trame narrative laisse place à une certaine forme de liberté, il faut souligner le grand travail de recherche qui ancre cette oeuvre dans la réalité des faits. Avec en premier lieu, celle qui peut nous échapper le plus : le combat de nombreux parisiens contre ce projet.

On a presque envie de dire que les contraintes techniques étaient plus simples à résoudre pour Gustave Eiffel que la lutte acharnée des opposants au projet, avec en première ligne M Bouruet et la Comtesse de Poix, rejoints par Guy de Maupassant. Cela mènera même à la protestation des artistes du 14 février 1987 à laquelle s’associeront des noms aussi prestigieux que Charles Gounot, Charles Garnier ou encore Alexandre Dumas fils.

Mais malgré les épreuves, malgré les doutes, malgré un combat de chaque instant, Gustave Eiffel parviendra à édifier cette Tour de 300 mètres pour laquelle il a obtenu une concession de 20 ans et au bout de laquelle la Tour devait être démontée. Il n’aura de cesse ensuite de défendre l’intérêt scientifique revêtu par l’édifice, que l’avènement du télégraphe sans fil finira par pérenniser.

La pièce revient également sur le rôle des ouvriers, et sur le drame qui a coûté la vie à l’un d’eux, Angelo Scagliotti, interprété par Matthieu Brugot, le seul homme ayant trouvé la mort sur ce chantier pharaonique. Ayant suivi en parallèle son histoire d’amour romancée avec Amélia, cette disparition apporte à la pièce une dimension dramatique supplémentaire et des moments forts en émotions lorsque Claudia Palleschi pleure la disparition du père de son enfant.

De l’émotion, certes, mais aussi beaucoup de rire, avec une mention spéciale pour la Comtesse de Poix interprétée par l’irrésistible Véronique Hatat. Sans doute la plus farouche opposante au projet, elle prend le public à partie et arrive (presque spontanément), à l’amener à défendre sa cause contre l’araignée de fer qui défigure Paris et bouleverse la météo. Moment mémorable quand elle reçoit dans les mains un marteau du chantier et qu’elle vit la situation comme si elle recevait un prix. Un décalage comme il y en a bien d’autres dans la pièce et qui à chaque fois fait mouche sur le public.

Matthieu Brugot (oui, encore lui, mais cette fois-ci dans le rôle de M Bouruet) et Nicolas Soulié (James Gordon Benett, directeur du Paris Herald) ne sont pas en reste quand on parle d’humour, et les réactions dans la salle étaient là pour l’illustrer.

Sujet historique richement documenté, émotions, rires… vous l’aurez compris, tous les ingrédients sont là en ce qui concerne l’écriture, alors quand on rajoute à cela de belles voix (avec en première place celle de David Eguren, Alias Gustave Eiffel), une grande grande qualité dans le jeu, et le piano live de John Florencio, il ne reste plus qu’à prendre du plaisir et à savourer.

Les décors sont aussi minimalistes que la Tour est Grande : Trois grands draps habillent le fond de scène, permettant une multitude de points d’entrée et de de sortie, et des blocs, des poutres d’aciers, qui serviront aussi bien de tabourets, de tables, de chaises, d’escabeaux, qu’à figurer la Tour elle-même dans un ballet savamment orchestré par Julien Rouquette, épaulé par Margaux Lloret.

 

Les chorégraphies d’Amélie Foubert sont efficaces, qu’elles soient purement dansées en couple, ou plus ludiques et visuelles (comme la scène des journaux ou encore des symboles de Paris).

Zoé Imbert signe de très beaux costumes d’époque, mais ce sont les vêtements de Gustave Eiffel et des ouvriers, avec des discrets rappels de lignes métalliques qui emportent notre adhésion unanime.

Nous adressons à toute l’équipe du spectacle nos félicitations et nous vous invitons à découvrir ce beau et instructif spectacle qui se jouera jusqu’au 29 Juin les jeudis, vendredis, samedis à 19H00 et les dimanches à 17H00 au théâtre des Mathurins.

Pour retrouver l’actualité des La Tour de 300 Mètres

by Franck

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