Le vieil adage dit qu’on ne change pas une équipe qui gagne. Et ce n’est pas le trio Ludovic Alexandre Vidal, Julien Salvia et David Rozen qui dira le contraire ! Après le formidable succès des Aventures de Tom Sawyer (pour ne parler que leur dernière collaboration), ils retrouvent le Théâtre Mogador et repartent vers une nouvelle aventure, en s’entourant à nouveau des talentueux Larry Blank et Antoine Lefort pour l’orchestration. Et quelle aventure ! Elle nous conduira cette fois sur les pas de Phileas Fogg pour un formidable Tour du Monde en 80 Jours.
Après Mark Twain, c’est donc Jules Verne, un autre auteur classique s’il en est, qui aura été source d’inspiration pour les créateurs. Et inutile de vous préciser que cette adaptation a été un travail de longue haleine. D’autant qu’il n’est pas question de faire moins bien, ni dans la demi-mesure. C’est aussi ça, la rançon des succès passés.
Nous avions eu le privilège d’assister, en mars dernier, à une série d’auditions à l’AICOM, afin de trouver les perles rares qui seraient à l’affiche de ce spectacle. Premières chansons, premières scènes de comédie, des candidats à l’écoute qui donnaient le meilleur d’eux-mêmes, le tout sous le regard bienveillant et avec les conseils avisés du trio magique.
Un moment rare que nous avions partagé à l’époque avec vous et que vous pouvez retrouver en cliquant sur cette photo.
Puis, ce fût l’annonce du cast et de l’ensemble des noms constituant l’équipe de création sur les réseaux sociaux, distillés habillement pour faire naître l’envie légitime d’en savoir plus encore… Un tableau de choix qu’on vous propose de retrouver dans ce diaporama :
Suivirent les partages des temps de répétitions, la publication de la bande annonce, l’annonce des premières dates en tournée afin de peaufiner encore le spectacle jusque dans ses moindres détails, et enfin, l’arrivée tant attendue au Théâtre Mogador et cette première du 8 Février 2020.
Quelques représentations pour prendre encore mieux possession des lieux, et le temps est enfin venu de présenter le spectacle à la presse, ce mercredi 12 février 2020. Allez, c’est parti, on vous emmène avec nous !
Qu’ils viennent avec leurs parents, leurs grands-parents ou même avec leurs camarades du centre de loisirs, les enfants sont nombreux dans la hall du Théâtre Mogador. On les sent déjà impatients de pouvoir accéder à la salle et découvrir le spectacle. Rapidement, et tout le monde prend place devant une immense toile représentant une rose des vents tandis qu’un tic-tac se fait entendre ponctuellement, tant pour illustrer le temps qui se réduit avant la levée de rideau que la course contre le temps qui attend les protagonistes. Message d’annonce, les lumière s’éteignent et le thème principal envahit toute la salle. Nous y sommes.
Premier tableau au Reform Club qui permet de mettre en place toute l’intrigue, et de présenter déjà quelques personnages principaux et la rivalité qui les oppose : Phileas Fogg et Thomas Flanagan. Tous deux veulent prendre la tête de ce fameux Reform Club. Le premier affirme que, selon ses calculs, il est possible de faire le tour du monde en 80 jours. Le second le met au défi d’accomplir cette prouesse, avec la certitude qu’un échec lui fera perdre toute crédibilité auprès de ses pairs et dans le même temps d’accéder au poste prestigieux que lui-même brigue. Pari tenu. Philéas doit encore s’entourer d’un domestique qui l’accompagnera dans sa quête pour remplacer celui qu’il vient de congédier. C’est Passepartout, un français, qui fera des pieds et des mains (et utilisera de tout son charme) pour décrocher le poste.
Commence un long périple pour les deux protagonistes. Et pour s’assurer de l’échec de cette entreprise, Thomas Flanagan élabore un plan machiavélique : dérober 50 000 livres à la banque d’Angleterre, somme qui correspond exactement à celle que Phileas va investir dans son voyage, ce qui lui permettra de l’accuser du vol. Il mandate Miss Moris, qui brûle d’amour pour lui, afin d’effectuer le larcin, lui promettant de l’épouser, et met l’inspecteur Fix sur les traces de Phileas afin de tout faire pour le retarder, voire même l’arrêter sitôt le mandat reçu. Les deux complices de Flanagan feront tout pour que son plan se réalise, même si on s’apercevra bien vite d’une erreur dans le casting…
Erreur dans le casting de Flanagan, mais aucunement dans celui de l’équipe du spectacle qui a su s’entourer d’artistes de très, très haut niveau, tant pour le chant que pour la comédie qui tient une part très importante dans le spectacle. Les voix sont parfaites pour accompagner une partition très riche signée Julien Salvia, loin d’être facile et évidente. Harold Simon campe avec brio un Phileas Fogg flegmatique, sûr de lui, alors qu’Alexis Mahi incarne fabuleusement un Thomas Flanagan particulièrement manipulateur, hautain et sans aucune morale. La candeur, la naïveté et au final la niaiserie de Miss Moriss, alias Véronique Hatat, en font un personnage truculent, enchaînant « boulette » sur « boulette ». Clémence Bouvier nous a séduit dans le rôle d’Aouda.
Notre grand coup de cœur revient aux deux Guillaume de la troupe : Guillaume Beaujolais, absolument irrésistible, trouve en l’Inspecteur Fix un rôle à la mesure (et à la démesure) de son immense talent. Quant à Guillaume Sentou, il est tout simplement bluffant ! Certes, nous connaissions ses talents de comédien qui lui ont valu un Molière en 2017, mais il se montre aussi excellent chanteur et danseur. Impressionnant !
La danse, parlons-en également. Il y a vraiment de très belles chorégraphies collectives signées Johan Nus. Que ce soit à Paris, Bombay, San Francisco… Avec, à chaque fois, une énergie débordante et une réelle harmonie. Le rendu est absolument parfait.
Les costumes signés Marie-Caroline Béhue sont absolument somptueux, jusque dans le moindre accessoire utilisé pour les parfaire. Et si l’on en prend plein les yeux sur scène, on imagine tout le travail réalisé en coulisses pour effectuer tous les changements. Avec cette petite confidence : l’un des artistes doit se changer… 17 fois ! Au point même, lors du salut final, de compter les artistes en se disant qu’ils devaient être plus nombreux qu’annoncés. Mais non, ils ne sont bien que 11 sur scène.
Les décors sont riches et variés et relèvent d’un véritable petit exploit. Constitués de modules en bois sur roulettes, ils s’agencent différemment tout au long du spectacle pour figurer un intérieur, un extérieur, un marché, un bateau, une montgolfière, un train, une tribune… Chaque face de chaque module est utilisée alternativement afin d’enrichir l’ensemble, qu’il soit décoré, plein, creux… Si le procédé est connu, il est poussé là à son paroxysme avec une possibilité de combinaisons impressionnantes. Et cela offre également la possibilité de jouer sur plusieurs niveaux, ce qui permet d’enrichir bien évidemment la mise en scène. C’est du grand art.
Cette utilisation nous impose ce conseil avisé : n’essayez pas de défier un membre de l’équipe à Rush Hour, Minecraft ou Tétris, c’est perdu d’avance !
Un petit trait d’humour pour faire écho à celui déployé tout au long du spectacle, et qui est aussi une quasi signature de Ludovic-Alexandre Vidal. C’est à chaque fois efficace, fin, bien emmené, et cela permet d’apporter encore plus de dynamisme à l’ensemble.
La mise en scène de David Rozen est soignée, efficace, sans aucun temps mort. Tout l’espace scénique est utilisé avec un souci d’offrir à tous le maximum de visibilité. Les lumières sont belles et finissent d’habiller l’ensemble avec cohérence.
Vous l’aurez compris, c’est un immense coup de cœur pour nous. Et manifestement, cet avis était partagé par l’ensemble des spectateurs présents à cette séance. Tout le monde est ressorti ravi. Et, comme nous l’avions déjà vu avec Tom Sawyer, les réactions des enfants, public difficile et exigeant, l’illustrent à merveille. Attentifs du début à la fin, ils ont su réagir à propos au fil du spectacle sans jamais perdre le fil de l’histoire. Un nouveau tour de force pour un spectacle familial qui saura séduire les plus jeunes comme les plus grands par sa qualité artistique intrinsèque, servi par des artistes talentueux.
Vous aussi, partez en voyage autour du monde. Ca ne durera pas 80 jours mais 2 heures… de pur bonheur !