Le 11 février dernier, Les Divalala (un trio de chanteuses formé par Gabrielle Laurens, Angélique Fridblatt et Marion Lépine) sont passées par Cabourg, en Normandie, à l’occasion de la tournée de leur nouveau spectacle « Femme, Femme, Femme ». Quelques heures avant le début du show et tandis que la scène se mettait en place à la Sall’In, ToïToïToï a eu le plaisir de rencontrer Angélique, le temps d’un petit entretien dont nous vous dévoilons le contenu ci-dessous, en exclusivité :
Les Divalala

• ToïToïToï : Comment sont nées Les Divalala ?

– Les Divalala sont nées à partir d’une idée de Gabrielle Laurens qui fait partie du groupe. On s’est rencontrées sur un spectacle qu’elle avait créé il y a huit ans, qui s’appelle « Coup de foudre ». Un spectacle à base de chansons françaises, de variété. On était douze sur scène, c’était compliqué à emmener un peu partout. Donc on a vite eu l’idée de créer un spectacle un petit peu plus léger en terme humain, pour pouvoir davantage se déplacer un peu partout. Donc Gabrielle a eu l’idée d’un trio vocal a cappella. Elle en a parlé à Marion et moi qui étions alors dans « Coup de foudre », on a très vite été intéressées. Alors elle a aussi demandé à l’arrangeur musical de « Coup de Foudre », Raphaël Callandreau, s’il voulait tester quelque chose avec nous. On a essayé avec une première chanson, « Que je t’aime », de Johnny Hallyday. On a vu que ça marchait bien, donc on s’est dit qu’on allait essayer de monter un vrai spectacle à partir de là. Ça s’est fait avec beaucoup de temps, on a abouti à ce spectacle au bout d’un an et demi voire deux ans puisqu’on avait des projets en parallèle. L’aventure des Divalala a commencé comme ça !

• ToïToïToï : Qu’est-ce qui fait l’unité de votre trio ? D’où vient l’harmonie de vos trois personnalités et vos trois voix ?

– On a toutes les trois des caractères différents. C’est vrai qu’on s’est bien trouvées toutes les trois aussi bien musicalement, humainement et vocalement. Ce n’est pas forcément facile d’allier trois voix, ça aurait pu ne pas matcher puisque les nôtres sont très différentes les unes des autres. Mais finalement elles collent bien ensemble, elles se sont bien trouvées. Et humainement, on est aussi des supers copines, donc ça apporte beaucoup à notre trio. On a chacune notre folie, chacune nos exigences, on se complète bien. On est toutes les trois sur scène mais on a aussi une grosse équipe très importante qui gravite autour de nous et qui fait partie de l’émulation de notre travail autour du spectacle et de sa qualité. C’est vraiment une aventure humaine et professionnelle, je pense que ça se ressent aussi sur scène.

• ToïToïToï : Vous êtes justement trois femmes, trois chanteuses et vous avez choisi de chanter La Femme dans tous ses états, en quelque sorte. Pourquoi ce choix ? Pourquoi avoir eu cette volonté de mettre la femme au cœur de votre spectacle ?

– On trouvait que c’était important de parler de la femme ! D’une façon légère, parce qu’on n’est pas non plus des féministes acharnées ou revendicatives en tant qu’artistes. Mais on trouvait que c’était important dans la société actuelle de parler de la femme, sur un support de chansons de variété qui était aussi le fil rouge de notre premier spectacle « Chansons d’amour traficotées », qui parlait plus d’amour. Là, on a voulu partir d’un moment plus précis de la vie d’une femme, qui est celui d’une rupture amoureuse et de tout ce que ça engendre de questionnements chez elle. On a beaucoup papoté entre nous à ce sujet, sans pour autant se focaliser sur nos vies propres, mais au moins pour choisir quelles étapes de cette période un peu trouble dans la vie d’une femme on voulait représenter. Mine de rien il nous semblait aussi important de parler de nous, dans la mesure où on parle souvent de la femme entre nous, donc on trouvait que c’était bien de se livrer un petit peu au public de cette façon.

• ToïToïToï : Comment choisissez-vous les titres qui composent votre panorama de reprises, pour qu’ils portent le mieux possible le cœur de votre spectacle : La Femme ?

– Le but pour nous est vraiment de servir ce que l’on veut dire. On a un fil rouge, qui n’est pas forcément lisible du public, mais ce n’est pas ce qui nous importe le plus : notre trame est celle de l’errance d’une nuit d’une femme après sa rupture. Elle va en boîte de nuit, elle boit avec ses copines et finalement, au petit matin, elle se réveille avec un homme dans son lit en pensant que ça va peut-être l’aider à aller mieux. Il y a tout un travail de questionnement pour définir qui et comment est la femme à ce moment-là de sa vie, quand tout bouge autour d’elle sans stabilité propre. C’est pour cela qu’on a intégré « Foule sentimentale » et un mashup de boîte de nuit tiré des années 80, pour ancrer le spectacle dans notre génération de femmes de quarante ans. Donc on a parcouru un immense listing de chansons, on en a retenues certaines pour finalement les enlever ou les remplacer etc … ça a suscité des débats entre nous ! Au fur et à mesure on a choisi ces chansons pour qu’elles correspondent à ce que l’on veut dire. Nos choix évoluent en permanence puisqu’on aime bien rajouter des petites touches de chansons actuelles, avec les derniers tubes qu’on entend, sous forme de petites phrases qu’on rajoute à droite à gauche.

• ToïToïToï : Qu’est-ce qui vous guide dans l’arrangement des titres que vous choisissez ?
– On n’a pas forcément d’intention particulière mais notre priorité reste de mettre en exergue les paroles, les mots. On se bat vraiment pour que le texte soit entendu. Quelques fois, des tubes de variété que l’on pourrait trouver un peu nunuches au premier abord s’avèrent avoir une vraie résonance, exprimée par des mots simples. Il suffit d’y prêter une attention sincère. On essaie de faire passer au public notre envie des mots et notre façon de voir la chanson. On tente des arrangements totalement différents des originaux : par exemple pour partir dans des rythmes africains ou des percussions pour que le rythme soit beaucoup plus soutenu lorsqu’il s’agit d’une ballade, ou au contraire beaucoup plus pêchu quand c’est initialement très doux etc. On essaie de sortir la chanson de son contexte premier.

• ToïToïToï : Pourquoi avez-vous choisi d’adopter le format de spectacle vivant pour « Femme, Femme, Femme », sans vous limiter à celui d’un concert ?

– On ne se serait pas retrouvées dans une forme de concert. On a vraiment envie de raconter une histoire à notre façon. Il n’y a pas de dialogue ou de textes interposés, ce n’est pas une comédie musicale, mais un vrai spectacle musical rythmé par la trajectoire d’un début, un milieu et une fin. Outre l’histoire que l’on veut raconter, chaque chanson peut être prise à part, puisqu’on présente plusieurs tableaux différents sur scène. Les spectateurs peuvent donc se reconnaître dans notre fil conducteur et s’y attacher, ou prendre chaque chanson à part, peut-être plus avec une approche de concert dans ce cas. Cette forme-là nous permet de toucher le public différemment, selon le ressenti de chacun.

• ToïToïToï : Sur scène, vous adoptez un style rétro glam et vous interprétez plusieurs titres vintage. Y a-t-il une volonté de votre part de remettre au goût du jour certaines chansons, un certain style ?

– Tout à fait. Ce qui nous plait le plus c’est de choisir des chansons sur lesquelles on a dansé et on a chanté à un moment, sans se demander leur vrai sens. Ça interpelle les gens, ça leur rappelle des souvenirs. L’interprétation qu’on peut en faire maintenant donne un nouvel éclairage à la compréhension de ces titres qui les ont bercés. On fait un travail de chorale avec le metteur en scène, l’arrangeur musical et la costumière, qui suivent nos envies. Par exemple, au début du spectacle on porte de grandes robes à paillettes, parce qu’on chante « Laissez-moi danser », comme une mise en abyme de notre show sur scène. Puis l’état d’esprit des personnages se déconstruit, avec des robes plus sombres qui traduisent l’état de crise. Et petit à petit, on enlève quelques couches de vêtements et on se pare de paillettes, puisqu’on voulait montrer que l’on peut tous se relever de nos moments de crise.

• ToïToïToï : Comment vivez-vous cette tournée, composée de dates dans des petites communes de province et d’autres à Paris dans de grandes salles ? Comment appréhendez-vous les différents publics que vous croisez ?

– Selon les régions, les publics ne sont pas du tout les mêmes. Certains apprécient sans être démonstratifs du tout donc l’échange entre la scène et le public est intense mais plus discret. Il y a d’autres endroits où c’est la folie, comme en Belgique, où les publics sont très chaleureux. C’est super intéressant de constater qu’il faut parfois nous battre un petit peu plus pour conquérir un certain public, et que d’autres fois la magie du moment opère toute seule. C’est intéressant de se dire que rien n’est jamais gagné. Il faut aller au maximum de ce que l’on sait faire et ce que l’on sait donner sans se reposer sur nos lauriers. C’est un spectacle vivant qui change aussi selon son public : jouer devant une salle de mille-cinq-cents places ou devant vingt spectateurs est différent, le retour n’est pas du tout le même, mais c’est tout aussi agréable. C’est parfois plus stressant de jouer un parterre d’une vingtaine de spectateurs parce que c’est plus intimiste, et c’est super, mais l’échange est très direct. A contrario, dans une grande salle magnifique sublimée par des lumières incroyables, c’est formidable, mais le contact est moins direct, ce n’est pas le même rapport. On a la chance de pouvoir vivre les deux.

• ToïToïToï : « Femme, Femme, Femme » est un spectacle composé de reprises : envisagez-vous, pour un projet futur, de mettre en scène des créations personnelles ?

– On s’est déjà posé la question pour ce deuxième opus, mais en gardant à l’esprit qu’on s’est rencontrées parce qu’on aime la variété, justement, et qu’on veut la défendre d’une autre manière. En même temps, notre arrangeur musical est aussi compositeur. On écrit aussi chacune de notre côté, donc c’est vrai que ça nous titille. Toutes les portes sont donc encore ouvertes. Pour l’instant, on est au début de la vie de « Femme, Femme, Femme », donc on a le temps de penser à un troisième opus. On ne s’est pas vraiment posées pour y réfléchir, donc tout est possible !

• ToïToïToï : Au-delà de la variété qui est votre principale influence, quelles sont vos références personnelles dans le genre du spectacle vivant ?

– De fait, la variété française est une évidence pour nous. Personnellement, je viens à la base de la comédie musicale : c’est ce qui m’a bercée. Il y en a une que j’aime tout particulièrement mais qui n’a pas eu beaucoup de succès, c’est « Marguerite » d’Alain Boublil et Claude-Michel Schönberg, elle a été jouée à Londres il y a quelques années. Mais ma ‘number one’ c’est « Martin Guerre », par les mêmes compositeurs. J’ai eu la chance de la voir plusieurs fois à Londres et depuis, c’est ma petite madeleine de Proust ! Quand je ne vais pas bien j’écoute un peu de « Martin Guerre » et ça me fait du bien !

 

Toï Toï Toï vous offre l’album en écoute, en espérant qu’il aura sur vous le même effet que sur Angélique.

Sinon, actuellement, j’écoute en boucle le dernier album de Camille. J’adore l’harmonie musicale, l’inventivité et l’éclectisme de cet album ; c’est très riche. A chaque morceau on découvre un nouveau style, des influences incroyables, je trouve ça génial ! En ce qui concerne Les Divalala et dans le cadre du spectacle, on passe de la variété des années 50 à nos jours, on prend même les trucs les plus kitsch ! Il y a par exemple une chanson d’Herbert Léonard qui marche très fort, c’est comme le summum du spectacle. Les gens explosent de rire, parce que c’est hyper kitsch et en même temps ils voient que c’est une chanson que l’on défend pleinement. A côté de ça, on chante aussi « Avec le temps », ou une chanson de Sia que l’on a adaptée en français, donc beaucoup de choses se complètent même si notre influence majeure reste la variété française.

• ToïToïToï : Pour conclure, pourriez-vous nous expliquer le choix du nom de votre trio ? Pourquoi êtes-vous « Les Divalala » ?
– Parce qu’on est des chanteuses ! Donc un peu des divas … Mais des chanteuses sympathiques, qui ne se prennent pas la tête. Donc des divas … lala ! En fait, à nos débuts, on avait fait une liste de tous les noms qui nous venaient en tête sous forme de brainstorming, et ce nom est arrivé au fil de nos discussions comme une évidence !

Les Divalala nous ont offert un show pétillant et énergique. Que l’on soit adepte du genre de l’a cappella ou pas, on se laisse bien volontiers entrainer par ces trois voix singulières, qui forment toutes ensemble une harmonie parfaite. La voix de Marion est époustouflante, cristalline et d’une amplitude à couper le souffle. Les interprétations de Gabrielle sont particulièrement pêchues ; il y a quelque chose de jazzy dans son grain de voix qui sert magnifiquement le sens des mots et le ton décalé du spectacle. Quant à Angélique, elle nous enchante par sa voix claire et légèrement voilée, qui communique toute une large palette d’émotions avec authenticité.
Le décor qui les accompagne est simple et symbolique, donc efficace. Un comptoir, une boîte à musique rétro ultra disco, un autel à Herbert Léonard… En bref, du girl power déjanté, de la musique qu’on redécouvre et de l’autodérision comme on n’en fait plus. C’est sans doute ce qui est le plus appréciable : en faisant de leur voix leur principal instrument, Les Divalala nous captivent et nous amènent à prêter une attention particulière aux lumières, aux costumes, aux accessoires, au décor, aux chorégraphies. La mise en scène est par ailleurs d’une réelle justesse ; il n’y a aucun moment de flottement, aucun ‘vide’ scénique. Les trois chanteuses occupent totalement la scène même lorsqu’elles n’y sont pas toutes ensemble, par des sons, des expressions. Impossible de se lasser de leurs mashup et leurs chorégraphies survoltées ou épurées, on ne voit pas le temps passer !
Cela contribue à fédérer n’importe quel public autour de « Femme, Femme, Femme ». La femme y est chantée dans tous ses états d’ivresse, d’euphorie, de tristesse, de séduction, de désenchantement, de force etc. Elle y est chantée comme une amie, une guerrière, un être humain sensible : autant de facettes qui parlent à tous les publics, à tous les âges. Pour cela, Les Divalala font appel à des reprises de titres très variés mais toujours choisis avec humilité et audace. Quelques fois il s’agit de chansons cultes, d’autres fois de titres plus intimistes. Autour du leitmotiv incarné par l’incontournable « Casser la voix » de Patrick Bruel, elles dressent le portrait de la tranche de vie bancale d’une femme qui fait face à une rupture amoureuse, autour de Léo Ferré, Beyoncé, Patrick Sébastien, Mademoiselle K, Édith Piaf, Jeanne Mas, Jean-Pierre François ou encore Elodie Frégé, pour ne citer qu’eux. Et tout cela est très bien orchestré : là où l’on pourrait avoir l’impression de passer du coq à l’âne, on se rend immédiatement compte du fait que chacune de ces références porte avec un réel équilibre, beaucoup d’humour et de bienveillance, l’histoire qui nous est narrée.
En bref, « Femme, Femme, Femme » est un spectacle qui fait sourire, rire, pleurer aussi. Les Divalala parviennent à faire tapoter du pied en rythme le plus réservé des spectateurs, et nous rappellent à tous des moments gravés dans nos vies, avec toujours cette tendresse piquante qui les caractérise.
Une vraie réussite à ne surtout pas rater si les trois divas…lala passent près de chez vous dans le cadre de leur tournée avec toute l’équipe de « Femme, Femme, Femme » !
Un très grand merci à Angélique d’avoir pris le temps de répondre à nos quelques questions, ainsi qu’à toute l’équipe qui porte le spectacle « Femme, Femme, Femme » pour le formidable show réalisé à Cabourg !
ToïToïToï vous dévoile ici un court extrait du tableau « Single Ladies (Put a Ring on It) », reprise de Beyoncé. Une petite exception au sein d’un spectacle essentiellement composé de reprises de variété française, pour un moment plein de peps et haut en couleurs !

« Femme, Femme, Femme » des Divalala, un spectacle à retrouver en tournée en ce moment : toutes les infos ici.

by Valentine

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