Que de chemin parcouru depuis la Première du 1er Juillet 2019 ! Et quel succès ! Plus de 150 000 spectateurs à Lourdes, des événements incroyables et des rencontres exceptionnelles en plusieurs points du monde. L’audacieux pari du trio de producteurs Roberto Ciurleo, Eléonore de Galard et Gad Elmaleh a été relevé haut la main, et c’est en toute légitimité que Bernadette de Lourdes part enfin en tournée.
Comme beaucoup, nous avons suivi cette aventure depuis le début, nous avons découvert et apprécié de belles, voire très belles chansons composées par Grégoire, sur des textes de Lionel Florence et Patrice Guiaro. Il nous tardait de pouvoir assister enfin au spectacle. Chose faite vendredi 22 septembre au soir, dans la capitale, au Dôme de Paris/Palais des Sports, première étape de cet événement que l’on savait très attendu.
Si le fait religieux est à l’origine même du synopsis, si le public ciblé est, depuis le début de l’aventure, constitué des fidèles catholiques en pèlerinage, ce spectacle ne fait à aucun moment de prosélytisme, bien au contraire. Cela n’a jamais été une volonté et encore moins une nécessité, on le comprend tous. Les convaincus retrouveront avec plaisir en Bernadette une figure emblématique de ce qui constitue leur foi, mais tous, y compris les plus athées ou agnostiques, pourront apprécier l’histoire, intimiste et personnelle, qui met la focale sur la personne et pas, finalement, sur la religion elle-même. Et sincèrement, il serait dommage de passer à côté de ce spectacle parce qu’on s’estimerait non concerné, ou pire, qu’on le prendrait presque comme une provocation. Car oui, c’est un très beau spectacle !
« Je suis chargée de vous le dire, pas de vous faire croire. » Tel sera le Leitmotiv de Bernadette alors qu’elle devra affronter des pressions monumentales venant de toutes parts : des autorités ecclésiastiques, policières, judiciaires et même familiales. Elle qui dit avoir vu « Aquero », « cela » en occitan, qui est la langue parlée par Bernadette. Elle ne désignera jamais autrement Aquero avant qu’elle même ne décline son identité, en occitan là aussi : « que sòi era immaculada concepcion ».
Du haut de ses 13 ou 14 ans, elle ne se sait pas, Bernadette n’aura de cesse d’affirmer avec force et détermination les faits. Des réponses courtes et percutantes à foison, adressées au commissaire Jacomet (Grégory Deck) aux demandes transmises pour construire une chapelle à l’abbé Peyramale (Christophe Héraut), le spectacle fait la part belle à la comédie, avec un débit assez saisissant et des interprétations très convaincantes.
Les voix sont sublimes, puissantes, expressives, et l’émotion est au rendez-vous. Découvrir enfin ces chansons dans la trame narrative leur donne évidemment encore bien plus de sens et de portée. La scénographie est très finement soignée, à la fois impressionnante et sobre. De grands pans mobiles permettent de changer de décors en quelques secondes, passant du porche de l’église au foyer des Soubirous, du commissariat au presbytère…
Les lumières et les projections offrent de magnifiques jeux d’ombres, apportant relief et profondeur, transformant même certains tableaux, pour quelques secondes, en véritables œuvres picturales à la Millet.
L’arrivée et le départ de la grotte, quant à eux, sont totalement cinématographiques, avec un effet de zoom et de dézoom absolument saisissant.
La mise en scène est extrêmement soignée, palliant naturellement et intelligemment ainsi à l’absence légitime de chorégraphies.
Il est bien difficile de retranscrire ici tous les sentiments ressentis, et impossible de hiérarchiser les interprétations tant l’ensemble est puissant, expressif et cohérent. Mais tout le monde s’accordera à souligner l’incroyable prestation d’Eyma qui illumine et transcende littéralement ce spectacle.
Tout est juste. Elle vous fera frissonner, sourire et même rire, tout comme elle risque de vous amener des larmes. Sa voix aussi pure que mélodieuse vous emportera littéralement. Même ses silences vous parleront.
Bernadette de Lourdes, « il ne suffit pas de croire pour le voir », pour faire référence et adapter la devise d’un autre spectacle bien connu. Venez le découvrir dans l’une des étapes de sa tournée et laissez-vous simplement emporter comme nous l’avons fait. Laissez la magie opérer, sans a priori.
Après cette première étape parisienne, le spectacle sera en tournée du 25 Novembre 2023 au 16 Juin 2024, et un retour vient tout juste d’être annoncé au Dôme de Paris/Palais des Sports à partir du 21 Juin 2024 (ouverture des réservations le 28 septembre).
Il se dit même que Broadway lui fait les yeux doux. Avec la troupe originale, en français ou traduit…? La suite nous le dira. Mais c’est là aussi une preuve, s’il en fallait encore, de sa très grande qualité.
Photos du spectacle extraites du dossier de presse